Shizko suivait sagement le Prince en se demandant où ils étaient. Elle ne connaissait pas encore très bien l'établissement et ses alentours. Ils arrivèrent sur une terasse blanche qui donnait sur une vue magnifique de la ville, que Shizko contemplait. De là-haut, elle pouvait entendre quelques cris d'élèves de la pension. Pourtant ils étaient hauteur. Peut-être le vent leur apportait-il? La jeune fille regardait au loin en suivant l'horizon. Au bout d'un moment elle décida quand même de se retourner pour voir qui les acceuillait. De derrière le Prince, elle observa les deux serveuses qui avaient toutes les deux des cheveux bleus saphire. Si Shizko avait bien deviné, les deux femmes, ou du moins des jeunes femmes, avaient le pouvoir de l'eau. Elle mit automatiquement une main sur ses cheveux bleus. Elle ne savait pas pourquoi. Peut-être parce qu'elle avait, elle aussi, les cheveux d'une couleur qui avait l'air d'être tout sauf naturelle. Sa main se laissa glisser le long des mèches et retomber le long du corps mince de la lectrice passionnée.
Le Prince lui demanda de s'asseoir, ce qu'elle fit, gênée maintenant. Elle le remercie en baissant la tête, ne pouvant faire une courbette. La vois du Prince l'envoutait entièrement. Si elle pouvait se le permettre, elle irai l'écouter parler tout les jours.
Les deux jeunes femmes avaient l'air de bien connaître le Prince et de bien l'aimer aussi. Son sourire était magnifique, autant que ses gestes lorsqu'il poussa ses cheveux de son beau visage. La synchronisation des paroles des deux serveuses laissa penser à Shizko qu'elles étaient jumelles, ce qui serra son coeur et qui lui donna envie de pleurer, ce qu'elle se retint de faire, surtout devant deux inconnues et son principal. Elle ravala ses larmes et les observa. Elles étaient belles et avaient l'air si douces. Shizko les enviait.
La main du Prince passa doucement sur la joue d'une des jolie serveuses, ce qui rendit jalouse la jeune fille. Shizko se reprit et s'assis plus droite sur sa chaise. Elle se tourna une fois de plus pour admirer la vue.
La question du Prince fit sursauter Shizko, surtout parce que sa voix avait perdu le ton neutre et celui-ci avait été remplacé par un ton plus chalereux. Une fois de plus, il l'avait appelé ''My Lady''.
Il fallait qu'elle décide quoi prendre. N'étant pas sûre, elle répondit simplement :
-Un thé nature s'il-vous-plaît...
Allait-elle parraître trop simple? Elle ne buvait que rarement du thé et ne pouvait pas imaginer qu'il en existe plein de sortes.
Les pensées de Shizko se ruèrent sur des mauvais souvenirs qui étaient restés enfoui au fond du puit des pensées jusqu'à aujourd'hui. Un thé sur la table, une main qui le prend violemment, le liquide bouillant qui se renverse sur une jambe nue et pâle, un hurlement de douleur...Le sien. Elle s'en rappellait. Comme la plupart des tortures que son père lui infligeait. Elle porta sa main sur son beandeau et la reposa sur son genoux. Elle leva ses yeux pour regarder ceux du Prince assis en face d'elle. Ils étaient d'un vert unique et magnifique que Shizko n'arriverait jamais à décrire...Sans s'en rendre compte, elle ouvrit la bouche et ses cordes vocales vibrèrent pour lui dire :
-Vos yeux son magnifique, Prince.
Quelques secondes plus tard et comprit et avec horreur porta ses mains à sa bouche ouvert de surprise. Elle n'arrivait même pas à s'excuser tellement elle se sentait stupide. Tellement elle se sentait stupide elle pleurait. Elle avait envie de partir en courant, mais elle était paralysée...